Toi l’ami dont jamais ne saurai le nom
Toi mon frère inconnu toi ma sœur anonyme
Toi qui vis dans le noir, toi l’obscur compagnon
Toi pour qui tant de fois j’ai retourné ma rime…
…
C’est à notre amitié que je chante aujourd’hui
C’est au vin que jamais nous ne boirons ensemble
Je chante à l’impossible et j’en pleure à demi
Mais sache au moins ce soir combien je te ressemble.
Mais sache au moins ce soir tout ce qui nous unit
Sache que nous faisons un peu le même ouvrage
Et qu’à tout prendre au fond, malgré tout ce qu’on vit
Pareilles sont nos joies, pareilles sont nos rages …
De Sylvain Lelièvre
Il y a de ces moments où la fatalité nous frappe de plein fouet. Vous savez, ces moments durant lesquels la colère et la tristesse nous frappe en MÊME TEMPS, tel un tsunami durant lequel vous devenez votre propre bouée de sauvetage afin de garder la tête hors de l’eau, de maintenir le cap et de ne pas créer de dommages collatéraux. Self-control….
Trois ans après le décès de Gabriel, les tsunamis m’envahissent encore. Moins souvent, mais bien présents. Une discussion anodine entre deux femmes enceintes est venue réveiller en moi cette tristesse et cette colère. Les deux femmes se demandaient si elles célèbreraient la fête des mères pour la première fois puisqu’elles portent encore leur enfant dans leur ventre…
J’ai continué mon chemin.
Les idées s’entrechoquent dans ma tête. Est-ce qu’on devient une mère parce qu’on accouche? Si tel est le cas, j’ai de tristes nouvelles pour les enfants adoptés… Est-ce qu’on devient mère parce qu’on a pris soin physiquement d’un enfant? Si tel est le cas, il n’y a pas plus gros effort physique que de porter un bébé!
Et les pères dans tout ça?
Comme ils ne peuvent accoucher et porter un enfant dans leur ventre, que sont-ils?
Moi je crois qu’on devient parent le jour où l’on est prêt à accueillir ce bébé dans notre vie. Ce fameux jour où tu es prêt à partager ta vie, à ne plus occuper toute la place mais à en créer une pour un petit être qui prendra de plus en plus d’espace avec le temps. Le jour où tu oses rêver et commencer à imaginer comment sera LA vie avec lui.
Si la nature a horreur du vide, je peux confirmer que le vide laissé par le décès d’un enfant se remplit à la vitesse de l’éclair d’émotions de toutes sortes qui nous suivent tout au long de notre propre vie.
Il est vrai que le vide créé par le départ de Gabriel s’est transformé avec le temps. En effet, Gabriel a pris sa place. Mon fils qui aurait eu 3 ans le 7 juin, m’a apporté une force que je ne me connaissais pas. Cette force que seule les mères et les pères possèdent et qui nous permet de braver les chemins les plus ardus en portant avec nous nos enfants. Car oui, je porte Gabriel, il fait partie de mon bagage de vie. Bien au chaud dans mon cœur et, en occupant une partie de mon esprit tous les jours, il me permet de reprendre mon souffle et me ramène à l’essentiel.
Parce que vous êtes aussi des mamans et des papas avec les mains vides ou pleines, mais avec un cœur rempli d’amour, je tiens à vous souhaiter du plus profond de mon âme une bonne fête des mères et pères!
Salut l’ami(e)!