Les grands-parents

et leur peine

La majorité des grands-parents aime leurs petits-enfants et attend l’arrivée d’un nouveau bébé avec presque autant d’impatience que les parents. Eux aussi se projettent dans l’avenir avec un petit-enfant, s‘imaginent faire des activités avec lui, le gâter, et ce, probablement dès qu’ils ont connaissance de la grossesse. Eux aussi rêvent à ce que sera l’avenir avec cet enfant. Lorsque le bébé meurt, les rêves que les grands-parents avaient pour lui, avec lui, s’envolent aussi.

Parce que l’accent est souvent mis sur la peine des parents, celle des grands-parents est souvent oubliée. Il est probable qu’ils avaient annoncé l’arrivée du bébé dans leur entourage et à leurs amis à qui ils doivent expliquer que le bébé est mort. Il est difficile pour eux aussi de s’adapter à cette nouvelle réalité d’un proche avenir, dans lequel il manque un petit-enfant.

La mort du bébé est aussi parfois l’occasion de révéler l’existence de frères ou sœurs décédés dont leurs enfants ignoraient l’existence.

Leur impuissance devant la souffrance de leur enfant

Les grands-parents sont particulièrement touchés parce qu’ils vivent une double souffrance : ils pleurent le petit-enfant qu’ils attendaient et ils se sentent impuissants devant la souffrance de leur propre enfant. C’est bouleversant pour un parent de voir son enfant souffrir, pleurer, même si cet enfant est un adulte.

Il se peut aussi qu’un grand-parent ait de la difficulté à saisir l’intensité de la peine ressentie pour la perte du bébé si la grossesse n’était pas avancée. La peine n’est pas proportionnelle au nombre de semaines, mais bien à l’amour que les parents avaient pour le bébé.

Les grands-parents ont parfois l’impression qu’ils ne savent pas comment s’y prendre, qu’ils ne soutiennent pas adéquatement leur enfant, surtout si la relation parent-enfant n’est pas optimale. Pourtant, un événement comme celui-ci peut rapprocher les membres d’une famille, renforcer les liens.

Les autres bébés dans la famille

Les grands-parents ressentent parfois un malaise quand il y a d’autres femmes enceintes ou d’autres bébés dans la famille. Il n’est pas rare que des belles-sœurs soient enceintes en même temps. Les grands-parents sont alors partagés entre la joie et l’espoir de la venue prochaine d’un bébé et la tristesse pour le bébé disparu. Ils éprouvent un malaise à ressentir de la peine devant le couple qui attend un enfant et de la joie devant le couple endeuillé.

Voir des bébés en vie ou être en contact avec des femmes enceintes peut être très difficile pour les parents endeuillés durant les premiers mois. Il faut prendre en considération qu’ils doivent apprendre à vivre avec une réalité à laquelle ils n’étaient pas préparés et que cette phase de transition est difficile, douloureuse et leur demande beaucoup d’énergie ! Ils doivent être respectés et protégés dans ce processus. L’idéal est de parler ouvertement avec les parents du malaise que les grands-parents peuvent éprouver et de la façon dont les parents souhaitent que les grands-parents agissent.

Suggestions pour les grands‑parents

  • Comme grands-parents, vous devez prendre soin de votre deuil à vous. Si vous recevez le soutien de vos proches et de vos amis, vous pourrez apporter un meilleur soutien à vos enfants.
  • Si possible, faites connaissance avec le bébé. Cela rendra son existence plus réelle pour vous et vous pourrez cultiver sa mémoire de votre côté, comme avec vos enfants.
  • Parlez du bébé, appelez-le par son prénom, à moins que les parents ne veuillent pas en parler. Vous pouvez souligner la mémoire du bébé lors des événements spéciaux, comme lors des fêtes familiales, à l’anniversaire de naissance du bébé. Envoyez une carte, appelez-les, offrez un cadeau significatif, allumez une bougie, etc.
  • N’oubliez pas le bébé quand vous faites le décompte de vos petits-enfants. Bien qu’il soit absent physiquement, il occupe une place non négligeable dans la famille et dans le cœur de ses parents.
  • Soyez ouverts aux suggestions des intervenants qui ont l’expérience pour aider et soutenir les parents, même si ces suggestions vous semblent étranges.
  • Ne prenez pas les décisions à la place des parents. Ils restent les parents de ce bébé, même s’ils sont effondrés. Vous pouvez offrir des suggestions sans mettre de pression. Valorisez les décisions qu’ils prennent, même si vous voyez les choses autrement.
  • N’ayez pas peur de partager votre peine avec vos enfants. Cela n’augmente pas leur peine, mais leur montre que vous êtes sensibles à ce qu’ils traversent. Prenez garde toutefois à ne pas les submerger de votre propre peine.
  • Écoutez les parents quand ils ont envie de parler de leur bébé, de leur peine ou de l’événement. Ne leur dites pas qu’ils devraient aller de l’avant ou en revenir. Les premiers mois du deuil, les parents ressentent souvent le besoin d’en parler et cela les aide à se faire à l’idée qu’ils ne verront jamais grandir cet enfant. Il est normal que le deuil de ce bébé soit long et éprouvant.
  • Soyez prudents dans vos commentaires sur les événements ou sur ce qui les a précédés, car ils peuvent ajouter à la culpabilité des parents.
  • Sachez qu’écouter signifie écouter sans jugement et sans interpréter et ne veut pas dire avoir réponse à tout et donner des conseils.
  • Dites et montrez à vos enfants que vous les aimez.
  • Rendez-vous disponibles pour vos enfants.

Vous pouvez aussi consulter la section Soutenir un parent endeuillé ainsi que notre page Facebook pour des suggestions de gestes qui ont fait du bien à des parents endeuillés.

La grossesse suivante

L’annonce de la venue d’un autre bébé est probablement très excitante, mais cette nouvelle grossesse risque d’être très stressante pour les parents comme pour les grands-parents. Durant la grossesse, les grands-parents ne savent souvent pas comment agir. Certains sont tentés de ne pas parler de la nouvelle grossesse, de ne pas faire de préparatifs pour la venue du nouveau bébé. Mais cette attitude peut être blessante pour les parents qui peuvent croire que les grands-parents doutent de l’issue de cette grossesse.

Voici quelques suggestions pour les grands-parents :
  • Encouragez vos enfants en adoptant une attitude positive. Ce nouveau bébé aura sa propre histoire qui sera différente de celle du bébé perdu.
  • Ne perdez pas de vue que la grossesse et les enfants ne sont pas un dû et que des commentaires tels que « cette fois, cela va bien se passer » sont en réalité sans fondement.
  • Parlez du bébé à venir, achetez des choses pour lui.
  • Permettez à vos enfants de parler de ce qui les inquiète. Ne mettez pas l’accent sur votre propre stress en leur présence.
  • Encouragez-les à consulter s’ils sont inquiets même si vous avez le sentiment qu’ils n’ont pas de raison de l’être.
  • Attendre un nouveau bébé ne signifie pas nécessairement que les parents ont fait leur deuil du bébé décédé ou qu’ils sont passés à autre chose. Ce bébé restera toujours leur enfant et ils éprouveront certainement de la peine, le besoin de se souvenir de lui durant la grossesse et même après la naissance d’un nouvel enfant.
  • N’oubliez pas le bébé disparu avec la venue d’un autre bébé. Un bébé ne peut pas être remplacé par un autre.

Adapté du livre « LES RÊVES ENVOLÉS » Éditions de Mortagne 2005 par Suzy Fréchette-Piperni, B.Sc., Infirmière spécialisée en deuil périnatal

Besoin d’un moment pour souffler, pour déposer un peu votre peine avec d’autres parents orphelins? Retrouvons-nous autour d’un café pour en jaser.

Parce que chaque don est important, merci de soutenir notre association.