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C’est la fête des Mères et je sais que vous vous demandez si vous devez me souhaiter « Bonne fête » ou pas. Devriez-vous souligner cet anniversaire en m’acheminant un petit mot, une délicate attention ou en me faisant un coucou ou devriez-vous plutôt passer cette journée sous silence? Je sais que vous vous le demandez parce que moi aussi je me le demande. Est-ce que c’est ma fête à moi aussi? À partir de quel moment devient-on maman? Vous avez probablement raison en vous disant que je n’ai rien à célébrer. Mais si ce n’est pas ma fête, pourquoi cette journée me fait-elle si mal???

 

Ça devrait être ma fête des Mères à moi aussi et je ne devrais même pas avoir à me questionner. Ça devrait être un moment que je fête dans la joie et le bonheur. Je devrais recevoir des cartes, des fleurs et même des ballons! Ma journée devrait être parsemée de petites attentions pour me rappeler que cette année, je suis devenue une maman pour la première fois. Parce que quand on devient une maman, on célèbre la fête des Mères. C’est pas plus compliqué que ça. Pourtant moi, elle n’aura rien qui ressemble à cela ma fête des Mères.

 

Ma fête des Mères sera triste et lourde. Ma fête des Mères renforcera un peu plus mon sentiment de vide me rappelant que mon enfant n’est pas avec moi. Je l’ai porté dans mon ventre et je l’ai eu à mes côtés… mais pour la fête des Mères, c’est comme si tout s’effaçait. Comme si plus rien ne comptait. Comme si on devait l’oublier. Ce dimanche, je souhaiterai bonne fête des Mères à toutes celles qui ont la joie d’avoir un bébé à promener. Et moi en échange, j’aurai presque honte de n’avoir eu qu’un bébé à porter. Je ne sais pas si « honte » est le bon mot. Peut-être devrais-je plutôt utiliser « gêne » ou « malaise ». Mais tout ce que je sais, c’est que la fête des Mères ne résonne vraiiiiiiiiiiment pas de la même façon pour moi qu’elle ne résonne pour vous.

 

Alors ce dimanche, est-ce que vous devez me souhaiter bonne fête des Mères? Devez-vous m’en parler ou plutôt l’ignorer? À vous de voir. À vous de juger ce que vous croyez être bon. Mais j’ai envie de vous dire que parfois la simple reconnaissance du fait que j’ai eu un enfant et que vous imaginez à quel point cette journée peut me faire de la peine, peut faire un grand bien.

Cette année, cette fête aura un goût amer. Elle restera prise en boule dans ma gorge comme quelque chose qui ne passe pas. Ce dimanche, si je n’ai pas envie de sortir ou si je ne veux pas aller vous voir, je vous demanderais simplement de l’accepter sans vous forcer à comprendre. Ne me dites pas que vous me comprenez si vous ne l’avez pas vécu. Ne me dites pas que vous savez ce que je vis, si vous n’avez pas perdu un enfant. L’événement malheureux qui m’a arraché mon enfant, il n’a peut-être pas la même signification pour vous que pour moi. Je le respecte et je l’accepte. Enfin, j’essaie de le respecter et de l’accepter. Mais je n’ai toujours pas fait la paix avec cette difficile réalité de maman orpheline dont j’ai hérité alors que je n’avais rien demandé. Le souvenir de mon enfant est partout où je vais et aujourd’hui, il ne fait que me rappeler que je devrais être une maman au quotidien tout simplement.

À la place, mon cœur est lourd, mes bras sont vides et je ne peux que bercer les souvenirs d’un enfant effacé de mon futur mais si présent dans mon passé.

 

Je suis personne : Geneviève et Mélanie, ce sont les filles d’à côté qui ont une histoire bien à elles. Blogueuses fondatrices de Je suis personne, elles abordent, avec leurs couleurs et leurs bagages, différents éléments entourant leurs vies de tous les jours. Ayant toutes deux vécu le deuil périnatal, c’est grâce à Parents Orphelins que leur amitié a pris naissance. D’abord bénévoles actives pendant plusieurs années puis membres du conseil d’administration, c’est aujourd’hui à travers l’écriture qu’elles souhaitent toucher le cœur des parents orphelins mais aussi sensibiliser la population à la triste réalité du deuil périnatal.

 

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