Ça aussi, ça m’arrive régulièrement d’avoir des mixed feelings, de ne pas être capable de me prononcer officiellement à savoir si j’aime ou pas, tsé quand tu te sens pris entre l’arbre et l’écorce, entre le bitter pis le sweet.
Mise en contexte banale mais nécessaire : je commence avec le bitter et je finis avec le sweet :
– Faire mon ménage, mais avoir le sentiment du devoir accompli et l’odeur de frais qui vient avec
– Plier le linge pis le ranger
– Le changement d’heure à l’automne semi-dépressive à 16 h 15, mais levable et somewhat parlable à 6 h 15
– Nettoyer après avoir trippé à jouer dans la bouette avec mes boys
– Dealer avec mon estomac après avoir mangé, ne serait-ce qu’un tant soit peu épicé… joie? NOT!
Facque c’est ça, sur une base quotidienne, avoir des mixed feelings c’est correct, c’est normal, c’est banal.
Et là…Tandis que t’es en train de patienter dans ta chambre d’hôpital, à te refaire coudre parce qu’ils n’ont pas eu le choix de te faire une épisiotomie (tsé, question de laisser des traces désagréables et douloureuses pour te prouver que t’as aucunement rêvé ce qui vient de se produire dans la dernière heure et demie).
Qu’on t’annonce que quelqu’un s’occupe de ta fille dans la salle d’urgence de la pouponnière. Qu’elle va quand même bien et qu’ils font tout en leur pouvoir pour la maintenir en vie le temps que l’équipe médicale d’un CHU arrive. Oui, oui, UN CHU, parce que tu peux aussi bien te ramasser à Sherbrooke, Québec, Ste-Justine. Le premier établissement à avoir de la place sera le gagnant qui viendra chercher poupoune.
Qu’on te donne les papiers de déclaration de naissance à remplir A.S.A.P. Il faut lui trouver un prénom… pis ça presse, parce Bébé Bombardier c’est crissement impersonnel.
Qu’on t’apporte un plateau de la cafétéria. Yes mesdames et messieurs, j’ai accouché juste à temps pour avoir un lunch gratissssss.
Que tout le personnel daigne te regarder avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles et te lance en pleine figure des « Félicitations, est tellement belle!»
C’est là là, à ce moment hyper précis, que le mixed feeling embarque et qu’il est loin d’être banal. Tu navigues entre le « ils ont un sourire, c’est bon signe ça, du monde souriant » et le « F… y… avec vos félicitations ! » Kessé ça estie?! On félicite quand tout va vraiment #1… pas quand la situation n’a jamais été si ambiguë, que t’as jamais été aussi mêlée de toute ta vie, que tu navigues à l’aveugle dans le brouillard, entre deux eaux …
Le mixed feeling devient soudainement un allié de la fragilité, le bitter du feeling!