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Le vague à l’âme des pères…

Le vague à l'âme des pères

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Les témoignages, les cris du cœur, les décharges d’émotions, viennent souvent des mamans. Ce n’est pas une donnée exhaustive ni sexiste, c’est simplement la réalité. Les femmes parlent plus facilement de leurs émotions, elles ont besoin de décrire ce qui s’est passé, de mettre des mots sur ce qu’elles ont vécu. C’est comme si le fait d’en parler leur permettait de vivre leurs émotions jusqu’au bout et, enfin, se sentir un peu mieux.


Les hommes restent silencieux. Ils repoussent les émotions au fin fond de leur cœur pour mieux se tenir debout et continuer d’avancer. La peur de pleurer devant les autres? Qu’on les croit faibles?  Parce qu’ils se sentent le devoir d’être fort? Ils diront simplement qu’ils sont comme ça, c’est tout. Ils ne ressentent pas le besoin de parler.

Quand papa perd son bébé, il a de la peine sur le coup. La peine de ne jamais connaître le petit garçon avec qui il ne jouera pas au base-ball ou la petite fille qui ne sera pas amoureuse de lui à 2 ans. La peine de voir son amoureuse démolie et de ne pas pouvoir ramener ce petit bébé à la vie pour la consoler. À ses yeux, il est normal qu’elle ait de la peine. Aux yeux de tous, il voit bien qu’on s’attend à ce que ce soit elle qui ait le plus de peine (même si on sait très bien que ce n’est pas une compétition). Papa se sent alors le devoir de refouler ses larmes, de chiffonner son mal-être et de le cacher sous le tapis. Il se sent le besoin d’être fort, d’être solide. C’est sa façon à lui de vivre son deuil, parce qu’il a peur que s’il se laisse aller, il ne puisse pas passer à travers.  


Jusqu’au jour où il n’y a plus de place dans le cœur pour continuer d’empiler la tristesse. Il ne se sent pas bien. Il ne dort plus. Il n’a plus envie de rien. Quand on soulève l’idée que ce soit peut-être parce qu’il n’a pas fait le deuil de son bébé, il répond que non. Parce que c’est sa vérité : bébé a mis ses ailes depuis des mois, des années. Il y pense encore tous les jours, mais il ne ressent pas l’envie de pleurer.  


Maman a vécu le plus gros de sa peine au moment des événements, qu’elle a pu la recycler en montant au front pour faire valoir la trop courte existence de son petit. La peine de papa aura plutôt fait du compost : à force d’être empilée avec toutes sortes d’émotions non vécues, elle s’est transformée non pas en larmes, mais en mal-être profond, en vague à l’âme qui a pour nom, celui de son enfant.  

 

Véronique et son homme sont parents de 5 enfants dont un couple de jumeaux : un garçon plein de vie et une fille qui a mis ses ailes à la 24e semaine de grossesse.
Écrivaine refoulée, blogueuse dans l’âme sur Mes Billets Doux, c’est avec grand plaisir qu’elle partage ici ses écrits sur le deuil périnatal.

 

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