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Le joli rêve que tu as été

Le joli rêve que tu as été

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Liam est né un 29 juillet à 9 h. C’était il y a déjà huit ans. Il était minuscule, si chétif qu’il tenait à peine dans ma main. Un petit bout d’homme, un ange qui s’était trompé d’étage. Liam, l’enfant qui me manquera toujours, l’enfant qui erre quelque part sur le chemin entre ma douleur et mes regrets.



J’étais si heureuse de savoir que j’attendais un troisième enfant! Moi qui avais mis si longtemps à tomber enceinte de mon premier, puis qui avait vu ma deuxième suivre quelques mois plus tard, comme un véritable petit miracle. Et voilà que la vie me gâtait en m’offrant ce troisième merveilleux cadeau. Pourtant, dès le début, la grossesse s’est avérée compliquée. Je savais, je sentais que l’état de mon fils à venir se dégradait, mais je gardais espoir. À 24 semaines, le médecin m’a annoncé la possibilité d’un accouchement prématuré. Hospitalisée d’urgence, séparée de mes deux aînés, j’ai tenu le coup comme j’ai pu. Je gardais courage, j’espérais que tout allait s’arranger. Après tout, mes deux autres enfants étaient nés en parfaite santé et Dieu sait que pour ce petit dernier, j’avais fait des efforts. Je le voulais, mon bébé surprise. J’avais appliqué à la lettre chaque recommandation, supporté toutes les interventions, toutes les privations, toutes les exigences reliées à la précarité de ma grossesse.

Malheureusement, ça n’a pas suffit À vingt-huit semaines et trois jours, le petit cœur de Liam s’est arrêté subitement, sans aucune raison apparente. Ça arrive parfois, m’a-t-on dit. Pas souvent, mais ça arrive. « Une chance que tu ne l’as pas vraiment connu! » s’est empressé de conclure mon entourage.

Incapable de faire face, j’ai fermé les yeux. Je l’ai aperçu brièvement, mais je suis restée de marbre. Son visage était bleu, déformé par je ne sais quelle souffrance. L’infirmière l’a alors placé sur une table qu’elle a aussitôt recouvert d’un drap. Et c’est à cet instant précis, je crois, que j’ai pris conscience du vide qui allait désormais m’habiter.

J’étais en état de choc. J’ai hurlé. Un long cri strident qui a longuement résonné en dedans de moi.

.Je n’ai pas voulu, pas pu le toucher. Le prendre. Ça faisait trop mal. Tellement mal! J’étais en colère. Je ne voulais pas de ce chagrin là. Je ne voulais pas de cette douleur-là. Alors son papa est allé avec lui. Il l’a bercé. Il lui a demandé pardon pour moi. Il lui a dit que maman avait trop mal. Que maman l’aimait, mais que maman ne savait pas comment accepter son départ.

Le temps a passé. Des mois, des années. D’abord Insoutenable, la douleur s’est peu à peu atténuée. J’ai appris à vivre avec son absence. Avec tout ce qu’il ne sera, ne deviendra pas. Ces éclats de rire, ces moments de joie qu’il ne connaîtra pas, ces moments privilégiés que nous ne partagerons jamais ensemble.

Son berceau est resté là, planté comme un arbre mort au beau milieu d’une chambre déserte que je n’ai pas eu le courage de déconstruire. Sa place à table est demeurée désespérément vide.Un gâteau de fête sans bougie. Deux hochets dans une boîte. Quelques lettres en bois éparpillées au fond d’un garde-robe. Une paire de chaussons blancs tricotés à la main.

Du vent, mon fils. De la poussière et du vent!

… Liam, tu me manques. Le joli rêve que tu as été me manque atrocement. Tu n’as pas idée à quel point je suis triste depuis que tu n’es plus là, à quel point tu fais partie intégrante de moi et de ma vie malgré tout. Malgré ton départ tellement précipité, si injuste. Malgré le silence qui entoure ton souvenir. Si tu savais comment Je me sens vide, privée de l’essentiel, écorchée dans ma maternité. L’unique trace de ton existence gît quelque part au fond de mes entrailles et je ne sais pas comment te rendre hommage si ce n’est au travers de ces quelques lignes. De ces quelques mots que je choisis pour toi à chaque date anniversaire de ta naissance-mort. La souffrance se décrit mal Liam, et la mienne n’a d’égale que la fissure créée par ton absence….

Liam est né un 29 juillet à 9 h, c’était il y a déjà huit ans. Il était minuscule, si chétif qu’il tenait à peine dans ma main. Un souffle, un cri, puis le néant. Liam nous a quittés alors que nous venions tout juste de le rencontrer.

Je t’aime mon Ange, je ne t’oublierai jamais.

Maman