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Faire le deuil de la maternité

Faire le deuil de la maternité

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Le plus loin que je me rappelle, j’ai toujours senti en moi cette nature profonde d’être mère. Oui, je le sais, j’en suis une même si mon enfant n’est pas avec moi en chair et en os, mais l’avoir près de moi, le regarder grandir, évoluer, apprendre, s’émerveiller à la vie, me partager ses rêves, ses passions, le consoler lorsqu’il a de la peine, partager ses joies, etc. Avoir un enfant, c’est la vie. La vraie vie. C’est savoir se consacrer à une personne, sacrifier ses propres besoins ou désirs pour un être humain qui ne demande qu’à être aimé, chéri, encouragé, bercé…. Lorsqu’on apprend qu’on porte la vie en soi, notre vie change du tout au tout. Cela ne va pas sans peur, bien sûr, mais en même temps, c’est un grand bonheur. Toutes les mères ici seront d’accord avec moi. C’est loin d’être toujours facile de fonder une famille, mais c’est la plus belle création qu’un humain peut faire.

Il y a près de 8 ans, on m’a arraché ce bonheur. Le jour où j’ai appris que j’étais enceinte, c’était pour moi l’un des plus beaux jours de ma vie. J’ai tout fait pour mener cette grossesse à terme, malgré le fait qu’elle ait mal tourné pour le plus grand bien de mon enfant. Mais la nature en a décidé autrement. Le 28 avril 2008, je suis sortie de l’hôpital les mains vides. On venait de m’enlever ce qui m’était le plus cher, mon grand rêve, ce qui aurait été ma plus belle réalisation.

Après cela, je me suis demandée ce que j’avais fait de travers. J’ai ressenti, et je ressens encore, une grande culpabilité, même après 9 ans. Oui, mon deuil est fait, mais la blessure fait encore mal.
Pourquoi je vous écris ces lignes aujourd’hui? Tout simplement parce que je ne l’ai décidé qu’aujourd’hui. À chaque fête ou événement spécial de ma vie, j’imagine mon fils venir me réveiller en me faisant un gros câlin et m’offrant bricolage de ses petites mains encore maladroites, mais fabriqué avec tant d’amour et me disant qu’il m’aime gros comme l’univers. Je ressens toujours ce vide et me voici aujourd’hui, à 42 ans, j’en suis à me faire à l’idée que je n’aurai finalement jamais d’enfant. Que je n’aurai jamais mon petit trésor qui m’apporte une carte de souhaits au lit ou qui est tout excité à l’idée d’ouvrir ses cadeaux le matin de Noël. Ou encore, d’aller jouer dehors lors de la première neige. Jamais, je ne pourrai créer ces beaux souvenirs, aussi simples puissent-ils être, avec mon enfant, créer des liens forts et ressentir une fierté de dire que c’est MON enfant et pas celui d’un autre, de me dire plus tard que j’ai fait du bon boulot.

La question qu’on m’a souvent posée et j’ose l’admettre aujourd’hui, que je suis tannée d’entendre : « Vous n’avez jamais réessayé ? » Non, on a pas vraiment réessayé (plus ou moins, en fait) et ça nous regarde. Ce genre de questions a fait en sorte d’alimenter davantage ma culpabilité, alors que c’est la dernière chose dont j’ai besoin. Je sais que les gens ne savent jamais quoi dire dans ce genre de circonstances et je n’ai pas de problème à aborder le sujet. Mais tout ce que je souhaiterais, c’est d’être écoutée et soutenue sans jugement. Ce n’est pas parce qu’on a pas réessayé qu’on avait fait une croix là-dessus. Tellement de choses se sont passées dans les dernières années qu’on a fait ce qu’on a pu pour guérir du mieux qu’on pouvait.

Pascale, maman orpheline de Tristan qui est allé rejoindre sa grand-maman derrière la lune depuis 2008. J’avais déjà écrit sur mon expérience, mais le fait d’être ici me permettra davantage de mettre ma plume au service d’une cause qui me tient vraiment à coeur et ainsi de pouvoir échanger avec d’autres parents qui ont vécu la même chose que moi.

 

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