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Comme chaque année, je vois Halloween qui s’approche et mon cœur n’est qu’à moitié à la fête. Il y a huit ans, je perdais mon premier bébé, arraché sans vie à ma bedaine où il avait pris racine au point que trois semaines après l’arrêt de son cœur, il ne la quittait toujours pas.

 

Alors que pour beaucoup de parents, le 31 octobre est une occasion de plus de célébrer la présence de leurs enfants auprès d’eux, je ne peux m’empêcher de penser à Celui qui ne le fêtera jamais avec nous. Quel bonbon aurait-il aimé ? Quel déguisement aurait-il choisi cette année ? Aurait-il voulu lui aussi être un dinosaure-super héros comme le Grand ou plutôt n’importe quoi de bleu comme le Dodu ? Aurais-je dû user de mon charme maternel pour récupérer tous les Rockets ou aurait-il été plus malin que ses frères en me les donnant sans discuter, mais à condition que je lui laisse tous les chocolats?

 

Il y a d’autres moments dans l’année où je me pose ces questions. Par exemple, en mai, mois prévu de sa naissance. Je me demande s’il aurait été désobéissant comme le personnage mythique d’après qui il aurait été nommé. Aurait-il eu le pied marin comme son père et ce personnage ? Aurait-il détesté l’eau comme moi, sa mère ?

Je ne saurai jamais. Tout ce que je sais, c’est que le 31 octobre 2008, la vie et la mort ont pris racine dans ma bedaine. Je me souviens très vivement de ce jour et pourtant, je ne suis jamais capable d’en parler plus que par bribes. Comme si, aujourd’hui encore, mon cerveau se refusait à diffuser l’épisode complet qui n’était pas accessible dans mon abonnement. Cela avait été une journée pleine de contrastes. Ce jour-là, je me suis endormie enceinte et réveillée en peine et en douleur. Du médecin indélicat qui me dit « vous êtes jeunes tous les deux, vous en aurez d’autres » aux douces infirmières qui m’ont offert une poche chauffée pour soulager mes crampes sans les faire taire, respectant mon besoin de vivre ma peine morale dans ses manifestations physiques. Les montagnes russes de la vie, condensées en quelques heures, coincées entre les quatre murs de la salle de réveil au département de chirurgie d’un jour de l’hôpital de Verdun.

 

Huit ans plus tard, Halloween reste marquée de cette impression étrange de flottement entre deux émotions contradictoires. Je vais aller marcher par les rues avec mon Grand et mon Dodu en savourant leur bonheur d’enfants. Je penserai à Celui qui ne sera jamais avec nous dans ces rues. Mon cœur alternera entre moments de joie et souvenirs douloureux.

 

Je me remémorerai cette phrase que l’on m’a dit alors en mangeant une poignée de Rockets en l’honneur de mon surfeur de baleine :

« C’était sûrement une vieille âme qui avait besoin de se réincarner une dernière fois pour finir son long cycle et qui a choisi de passer ce temps avec toi, Maman aimante, pour terminer en beauté et en douceur son chemin parmi nous. »

 

Véronique est la maman de Charles, un tigre de 2010, Etienne un dragon de 2012 et de Jonas, un ange parti trop tôt à l’Halloween 2008. Dans la vie de tous les jours, Véronique est professionnelle de la communication. Une fois ses monstres d’amour couchés, elle devient (L’Autre) Véro et blogue sur sa vie de maman solo et de professionnelle.
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