Nous voulions être une famille de 4. Comme la grande majorité des familles québécoises.
Au moment où l’idée d’une famille a émergée, nous imaginions deux petits cocos avec une petite différence d’âge jouant ensemble, se tiraillant et se criant une fois de temps en temps « tu n’es plus mon frère/sœur »!!!
Nous sommes finalement une famille de 7! 5 enfants… une petite différence d’âge entre chacun d’entre eux! Combien de garçons? Au moins 2! Combien de filles? Aucune idée! Nous sommes parents de 5 enfants, mais la vie nous a permis d’en avoir qu’un avec nous…d’en élever qu’un…notre enfant miracle.
Notre garçon n’a ni frère ni sœur avec qui jouer. Notre garçon ne se tiraille pas avec sa fratrie et ne hurle jamais à plein poumons : « tu n’es plus mon frère/soeur»! À ma grande tristesse…
Combien de fois j’ai cru tenir ce quatrième morceaux à notre casse-tête familial? Pour finalement l’égarer, l’échapper, le voir disparaître…encore et encore et encore et encore …
Cette amertume de ne pas avoir atteint l’objectif fixé au départ…Cette montagne du deuil gravit trop de fois. La quadruple ascension du sommet des deuils de nos bébés et finalement l’Everest du deuil de la famille préalablement jugée comme parfaite à nos yeux.
Notre garçon ne se chamaille pas avec sa fratrie. Il demande d’allumer des bougies en leur mémoire. Il demande à voir la photo de son frère et me reproche de ne pas avoir été « au photographe pour bébé dans le ventre » assez vite pour ceux partis trop tôt. Il donne des becs au pendentif en forme de pied accroché à mon cou en souvenir de nos enfants.
Aujourd’hui, après une longue randonnée qui m’a mené à une destination où je ne pensais jamais arrivée, mon compostelle, j’accepte ma famille.
Ma famille imparfaite? Non…Nous avons dépassé l’objectif initial en fait, 5 enfants. Un bien vivant, sensible et adoré de ses parents. Quatre physiquement absents, mais spirituellement bien présents. Ancrés dans notre histoire, dans notre casse-tête familial, simplement différent de l’image sur la boîte de celui-ci.
Aujourd’hui, je me réjouis d’avoir la chance d’avoir une pièce de mon casse-tête bien là, que je peux serrer contre moi, embrasser, cajoler, chuchoter « je t’aime » et lui parler de sa fratrie. Je sais que ce n’est pas la chance à tous et vous m’en voyez profondément désolée.
Julie
Maman de bébé 1, bébé 2, Jeremy (4 ans), Jacob (petit ange) et bébé 5 surnommé Eli(e) par son grand frère