Habituellement, quand on revient de la maternité, on ramène avec soi le plus beau des cadeaux. Et bien pas nous. On est rentrés les mains vides. La tête vide. Le cœur vide.
Encore un peu engourdie de médication, je me traîne jusqu’au lit. Je m’enfuis sous les couvertures. Je me dis que c’est un mauvais moment à passer. Que ça ira mieux demain.
Se pointe le lendemain. Je me suis réveillée dans un cri, en même temps que j’avais l’impression de suffoquer . J’étais complètement étourdie. Je cherchais quelque chose, sans vraiment savoir quoi. Et puis ça me revient, comme une masse. Il n’est pas là. Ça ne sert à rien de le chercher. Il n’est pas là.
Je me sentais comme une louve à qui on avait volé son petit. Je ne pensais pas que je me sortirais un jour de ça, que j’arriverais un jour à ne plus ressentir un tel vide, un tel manque. C’est impossible à décrire. Un gouffre au fond de notre corps. Je manque encore un peu d’air quand j’y repense et ma gorge se serre encore un peu, 5 ans plus tard.
Et pourtant. La vie est forte, l’instinct de survie aussi, ironiquement.
Le temps passe, la peine s’atténue, les pleurs s’espacent. Et on reprend le cours des choses, on se remet sur les rails, tranquillement, doucement, tout doucement.
J’arrive aujourd’hui à repenser à tout cela de façon très paisible, en souriant même en pensant à mon petit Isaac. Je l’imagine bien plus vivant où qu’il soit aujourd’hui, que s’il était resté parmi nous avec ce cœur défaillant.
Un jour à la fois, le temps fait son travail.
Un jour à la fois, la lumière revient.
Un jour est là, et un bébé espoir nous tient par la main.
À mes deux beaux garçons, Isaac et Elie.