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Quand Adèle est née, elle était décédée depuis quelques heures déjà. Les merveilleuses infirmières m’ont dit qu’elles allaient prendre des photos d’elle et qu’un CD serait fait pour qu’on puisse avoir quelques souvenirs. Elles ont aussi fait une boîte pour qu’on ait quelques petites choses pour se rappeler d’elle… comme si sans la boîte, on ne s’en souviendrait plus 😉

 

On m’a bien expliqué que les photos, j’allais pouvoir les avoir quand je serais prête, que le fameux CD allait être conservé à l’hôpital et que je pourrais venir le récupérer quand j’en aurais envie. Ou pas.

 

Le lendemain, je suis partie de l’hôpital avec une boîte souvenir, sans Adèle. J’ai pleuré…tellement pleuré. J’ai laissé Noël passer et décidé d’ouvrir cette boîte pour voir si vraiment j’allais me rappeler tous ces moments que je n’ai pas eu avec ma fille. Je me suis installée à la table de la cuisine et je l’ai ouverte. J’ai trouvé en premier le pyjama qu’on lui avait mis pendant les quelques heures où nous avons eu le privilège de la bercer. Et j’ai pleuré.

 

J’ai reniflé le petit coin du collet qui avait un peu de sang dessus. Mon sang…qui avait sali son petit cou. J’ai pleuré en me disant que c’était mon seul souvenir de son odeur.

 

J’ai trouvé dans cette boîte une couverture de bébé, une mèche de ses beaux cheveux noirs, ses empreintes, un petit chapeau de bébé que je n’avais jamais vu…

 

Et finalement, au fond, j’ai trouvé un petit cœur en tissu mauve cousu par les bénévoles de l’hôpital. J’ai eu beaucoup de mal à refermer la boîte, mais en même temps, plusieurs éléments qui s’y trouvaient ne faisaient pas vraiment de sens pour moi…des trucs de bébé juste pour la remplir. Je l’ai refermée.

 

Quelques semaines plus tard, je me suis rendue à l’hôpital pour aller chercher mes photos. On m’a donné mon CD en prenant soin de valider mon état d’esprit avant de me le remettre. Comme j’étais l’ombre de moi-même, l’infirmière m’a proposé d’en regarder le contenu en sa compagnie. J’ai préféré retourner tranquillement chez moi pour analyser les seules images que j’aurai de ma fille.

 

J’ai trouvé des photos qui m’ont transpercé l’âme de peine et de réconfort à la fois. J’ai encore pleuré. Mon cœur s’est arrêté quand j’ai vu la dernière… Une photo de ma Adèle, portant un petit chapeau et tenant entre ses deux mains, un petit cœur en tissu, probablement cousu par les bénévoles de l’hôpital…

 

La semaine passée, j’ai réouvert ma boîte. Le pyjama taché y est toujours. Le reste aussi. Quand je regarde le petit cœur, je me replonge exactement dans ce moment où j’ai réalisé que les souvenirs qui ont été mis dans cette boîte par les infirmières n’avaient rien de banals. Tout avait été pensé pour que même trois ans plus tard, je puisse revivre ces émotions qui m’ont longtemps anéantie. Aujourd’hui, j’ouvre la boîte quand j’ai besoin de pleurer ma Adèle. Parce que oui, j’ai encore besoin de la pleurer parfois.
Je n’ai certainement pas besoin d’une boîte pour me souvenir, mais jamais je n’aurais pensé qu’une si petite boîte pouvait contenir si grand.

 

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