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Le deuil d’une petite sœur

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La mort est un concept si abstrait, difficile à accepter, parfois même impossible à comprendre, pour nous adultes et encore plus pour un grand frère ou une grande sœur. Ce petit embryon n’a pas encore tous ses membres et on y est déjà attaché. On ne l’a pas encore vu qu’on l’aime déjà. On ne l’a pas encore pris dans nos bras qu’on ne peut s’imaginer vivre sans ce petit être. On parle d’elle, maintenant qu’elle a un prénom, comme si elle faisait déjà partie de la famille.

L’aîné est déjà un grand frère. Il attend ce petit bébé avec autant d’impatience que nous. Il s’imagine déjà en prendre soin au début, la bercer. Et puis il l’imagine, à travers nos histoires, se mettre à marcher et à jouer avec lui. Et puis quand la nouvelle arrive, il perd complètement ses repères.

On ne lui dit pas tout. Parfois on lui en dit un peu trop. On prend pour acquis qu’il ne comprend pas, qu’il oubliera vite. Lui n’ose pas poser de questions ne sachant trop comment les formuler. On a oublié de lui expliquer ce qui allait se passer ensuite. Bien sûr, elle est morte mais qu’est-ce qui va se passer une fois qu’on l’aura enterrée? Quand les jours auront passé? Qu’adviendra-t-il de son rôle de grand frère?

 

Notre peine est bien présente, elle dure longtemps, il y aura un vide toute notre vie. Ce n’est pas différent pour son grand frère. Il ne l’oubliera jamais, elle avait un nom, il l’aimait déjà, elle était et sera toujours sa petite sœur et lui, ne perdra jamais son titre de grand frère.

 

Il a besoin qu’on le lui dise. Certes, sa peine sera différente, ce sera une peine d’enfant, mais une peine à part entière. Comme nous, il aura envie d’en parler et ça le blessera quand on essaiera de détourner la conversation. Comme nous, il pleurera le soir sans être capable de mettre des mots sur le pourquoi. Il aura juste le cœur en miettes. Comme nous il va s’ennuyer du quotidien qu’il n’a pas eu avec elle. Comme nous, il aura de moins en moins de peine. mais de temps en temps, il aura besoin de la faire vivre quelques instants en l’ajoutant dans ses dessins, en mettant sa photo d’échographie sur sa table de chevet, en tenant à ce qu’elle ait elle aussi un bas de Noël sur le manteau de la cheminée. Il aura besoin que personne autour n’oublie sa petite sœur, que personne n’oublie qu’il est un grand frère.  
Les années vont passer, il se fera un plaisir de raconter l’histoire de sa sœur qui vit sur une étoile à ses frères et sœurs qui étaient trop petits ou qui ont suivi. Même s’il y pensera de moins en moins et qu’il n’en parlera plus au quotidien, elle fera toujours partie du compte quand un étranger lui demandera combien de frères et de sœurs il a. Une petite larme se pointera au coin de l’œil de papa et maman, parce qu’eux non plus n’oublieront jamais. Parce qu’ils sont si fiers du grand frère qu’il est devenu grâce à elle.

 

Véronique et son homme sont parents de 5 enfants dont un couple de jumeaux : un garçon plein de vie et une fille qui a mis ses ailes à la 24e semaine de grossesse. Écrivaine refoulée, blogueuse dans l’âme sur Mes Billets Doux, c’est avec grand plaisir qu’elle partage ici ses écrits sur le deuil périnatal.

 

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