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C’était il y a cinq ans. Ce jour où j’ai découvert le vrai sens du mot silence.  Pas le silence de la maison quand tout le monde est finalement endormi; pas non plus le silence de ce moment béni où le chien du voisin s’est finalement tu.  

Ce que j’ai découvert, le 11 avril 2012, c’est le silence assourdissant qui fait écho entre le monde extérieur et l’intérieur de soi. Un silence d’une profondeur qui était pour moi, jusqu’ici inimaginable. C’est lorsque le monde continue de tourner, mais que le cerveau ne traite plus ce qui se passe autour.

Ce jour-là, c’est celui de la naissance de mon fils, après seulement 21 semaines de grossesse. Après plusieurs journées d’anticipation et de longues heures d’induction du travail, j’étais là – avec toute ma fragilité – à vouloir lui offrir une naissance toute douce, accueillante.

Le vrai silence était juste là, prêt à nous envelopper. Pourtant, j’ai crié, pleuré et imploré chaque seconde durant sa naissance. Malgré ça, ce terrible silence est arrivé. Il s’est fait entendre, pour la première fois, pendant ce que j’appelle l’instant suspendu. Cette nanoseconde où l’on retient notre souffle pour laisser place au cri de l’enfant qui naît.  Ce cri qui, cette fois, n’est jamais venu, pas même un seul souffle. Une parenthèse aussi silencieuse qu’assourdissante.

Ce silence, destiné à n’être là qu’un instant, m’aura finalement englouti pendant une éternité. C’est lui qui m’a gardé à l’écart des autres aussi longtemps : difficile de participer à une conversation dont on n’entend pas le propos et dont les images nous paraissent embrouillées. Un peu comme être au fond d’un aquarium.

Cette bulle dont les contours se sont tout doucement estompés est maintenant un souvenir, presque un rêve dont la limpidité diminue au fil du temps, jusqu’à ne plus savoir si c’était bien réel.

Ce même silence résonne encore parfois, en moi, lorsque le souvenir de cette naissance est ravivé par un événement ou une émotion. Heureusement, avec la guérison et le temps qui passe il ne me submerge plus et il ne s’immisce plus entre moi et le reste du monde.  


Je suis revenue, pas tout à fait la même, mais je suis là. Je suis là et je vous entends! Enfin!

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