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Dernièrement, ma fille de 5 ans, Flavie, m’a confiée en larmes : « Je m’ennuie de Lili-Jeanne! ». Lili-Jeanne, c’est sa grande sœur. Ou devrais-je plutôt dire « c’était »? Ou encore « ce serait » puisque sa grande sœur Lili-Jeanne est décédée juste avant de naître, bien avant la naissance de Flavie , il y a 8 ans plus précisément. Ma première réaction, qui est passée en termes de millisecondes dans ma tête, a failli être de lui répondre « mais tu ne peux pas t’ennuyer de Lili-Jeanne, tu ne l’as pas connue! »… et là, à ce moment précis, ça m’a frappé! BOUM! Pourquoi moi, la maman de ces petites filles, celle qui a tant souffert de la mort de Lili-Jeanne, celle qui lutte pour la reconnaissance du deuil périnatal, celle qui a expliqué si souvent à tous ceux qui voulaient bien l’entendre que oui, la douleur est là, que oui l’absence se fait sentir, même si elle n’a pas partagé notre quotidien. Oui même moi, c’est la première chose qui me soit venue à l’esprit pour tenter de calmer la peine de ma fille.

Dans la tête de bien des gens pour qui Lili-Jeanne n’avait pas existé autrement que dans mon ventre, il leur était difficile d’imaginer que ma fille puisse me manquer. Il est arrivé trop souvent qu’on me dise une phrase qui ressemble à celle que j’avais en tête suite à la confidence de Flavie. Quand cela était opportun, j’ai expliqué, essayé de faire comprendre.

Et voilà qu’envers cette douleur face à l’absence qu’exprimait ma fille, je me retrouve si démunie que la première phrase de réconfort qui me vient à l’esprit est justement celle que je détestais entendre. Une maladresse que j’ai fini par pardonner à ceux qui l’ont utilisée pour tenter de me consoler. Je croyais que leur inexpérience face au deuil d’un bébé expliquait cette maladresse. Mais alors, pourquoi moi j’y ai songé aussi face à la peine de ma fille?  

En tant que mère, je suis partagée entre le désir que Lili-Jeanne soit reconnue, qu’elle ait sa place au sein de la famille, et le besoin de protéger mes filles de la souffrance, sous toutes ses formes. De les voir chagrinées par l’absence de Lili-Jeanne me dévaste et je me sens désarmée pour les aider.

Serait-ce donc pour cette raison que j’essaie de me convaincre que cette peine, elle ne peut pas exister? Tout comme tous ces gens qui tentaient de me consoler en me disant que Lili-Jeanne n’avait pas existée? Mais pourtant, elle est là cette peine et Flavie l’exprime clairement.

Flavie connaît sa grande sœur Lili-Jeanne. Ses sœurs Anaève et Rosélie aussi d’ailleurs. Il y a quelques photos de Lili-Jeanne dans la maison, et elles savent qu’avant elles, il y a eu une autre petite fille qui a grandit dans le ventre de maman. Elles savent que dans la famille, elles devraient être 4 sœurs, et qu’il en manque une, la plus grande. La peine de Flavie m’a prise par surprise. Je ne m’y en attendais pas à ce moment et je n’étais pas prête à y faire face. Mais c’est comme ça les peines de l’absence; ça survient comme ça, ça nous surprend et nous envahit par moment. Il faut juste les apprivoiser, tel le renard dans Le Petit Prince; oui, parfois, sans qu’on ne se méfie, elles nous mordent et la douleur est plus vive qu’à l’habitude. Mais si on apprend à devenir alliés, nous traverserons le temps avec plus de sérénité.
C’est ce que je dois enseigner à Flavie et ses sœurs.

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