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Jamais je n’aurais cru que ça allait m’arriver, pas à moi, pas à nous. En fait, je ne savais même pas que ça pouvait arriver aux autres non plus. J’avais l’idée naïve, cette pensée magique qu’une fois passé le premier trimestre, c’était dans la poche. Qu’au pire, on m’annoncerait que mon bébé était malade. Au pire, j’allais devoir cesser mes activités, rester alitée en profitant de chaque seconde de cette grossesse magique. Au pire, mes bébés allaient naître avant terme et mettraient plus de temps à rentrer à la maison. Jamais je n’aurais cru qu’un petit bébé, bien formé, avec ses dix doigts et ses dix orteils, un petit bébé que les médecins appellent « viable » pouvait cesser de vivre, bien protégé par le ventre de sa maman. Jamais je ne l’aurais cru parce que personne ne m’avait parlé de cette possibilité. Les quelques histoires entendues ici et là de la cousine de la voisine ressemblaient plus à des mythes qu’à des faits vécus.

 

Avec la grande nouvelle de notre bonheur en double est venu un « ne vous emballez pas trop vite, peut-être que… ». Mais nos petits oiseaux s’accrochaient contre vents et marées nous faisant espérer. Parce que c’est tout ce qui nous restait : l’espoir que « peut-être pas ». On a voulu nous raisonner, nous aider à nous faire à l’idée mais on a refusé. Notre devise était devenue « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». On allait y faire face si ça devait arriver… mais ça n’arriverait pas. Nous allions déjouer leurs pronostics. Nous allions être l’exception qui allait donner espoir à ceux qui allaient le vivre après nous.

 

Et puis il y a eu la fatalité. On n’a pas eu à nous l’annoncer. En grands experts en échographie que nous étions, on l’a vu tout de suite. Un petit cœur inerte, un petit oiseau qui se laissait bercer par les vagues de son jumeau. 

 

On n’a pas eu d’autre choix que d’y croire. Non seulement c’était possible mais ça nous arrivait. À nous. Notre petite fille était décédée à 24 semaines de gestation. Une petite fille avec ses dix doigts, ses dix orteils et ses petites ailes fragiles toutes grandes déployées.

 

Véronique et son homme sont parents de 5 enfants dont un couple de jumeaux : un garçon plein de vie et une fille qui a mis ses ailes à la 24e semaine de grossesse. Écrivaine refoulée, blogueuse dans l’âme sur Mes Billets Doux, c’est avec grand plaisir qu’elle partage ici ses écrits sur le deuil périnatal.

 

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