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Avant d’être grand-maman et grand-papa, ils sont maman et papa…

 

C’était une froide journée d’hiver, à quelques jours de Noël. Il y avait une tempête de neige dehors. Rien ne valait la tempête qu’on vivait dans cette chambre spéciale pour une famille comme nous. Une chambre sans fenêtre d’où probablement personne ne peut nous entendre crier notre peine ni nous voir pleurer notre vie. Une chambre sans fenêtre, probablement pour qu’on puisse y perdre la notion du temps… 

 

Grand-maman et Grand-papa étaient partis quelques heures, question de reprendre des forces. Ils n’ont pas eu le temps de revenir pour assister à la naissance de notre boulette. Quand ils sont entrés dans la chambre, je la berçais déjà, en pleurant. 

 

Grand-papa, ne sachant trop quoi faire, a demandé de la bercer aussi. C’est quand j’ai vu son regard vide de toute émotion et surchargé d’absence que j’ai compris. J’ai compris que mon père, à ce moment précis, aurait donné sa vie pour celle de ma fille. J’ai compris que mon papa, un homme jamaish trop démonstratif, mais bien sensible, tentait d’absorber une dose de ma peine en m’offrant de bercer mon, notre, son bébé perdu. J’ai compris que même lui, qui devait me protéger de la vie dure, venait de perdre confiance en elle.

 

La peine que j’avais, si grande était-elle, lui, il l’avait en plus d’avoir le cœur déchiré par celle de sa fille dévastée. Il est quand même parti de l’hôpital pour aller à la fête de Noël de notre grande à la garderie, parce que les parents étaient invités, alors pour ne pas qu’elle se retrouve sans parents, il n’a pas hésité à se porter volontaire. Il a enfilé son sourire et sa caméra au cou pour permettre à notre fille de passer une belle fête avec ses amis et son grand-papa.

 

Ma mère, elle, a joué son rôle habituel. En voyage, quand deux personnes sont malades, ça en prend toujours une moins malade que l’autre pour jouer au docteur. Cette personne, c’est ma mère. Cet événement n’a pas fait exception. De retour dans la vraie vie, c’est ma maman qui m’a accueillie chez elle parce que je n’arrivais pas à être chez moi, c’est elle qui a géré ma montée de lait sans bébé, c’est elle qui a couru les épiceries pour trouver les plus beaux choux pour soulager mes maux physiques, c’est elle qui a géré les visiteurs à la fois curieux et maladroits. Elle a pleuré, ma mère. Pleuré d’impuissance, pleuré de me voir pleurer. Surtout, pleuré de ne pas pouvoir faire avancer le temps pour moi.

 

Je suis une mère et je sais qu’on voudrait tout faire pour éviter la souffrance à nos enfants. Puisque la vie n’est ni juste, ni injuste et qu’elle ne fait que passer, on ne peut pas éviter les malheurs à nos enfants. Par contre, j’ai compris par cette froide journée d’hiver que j’ai la chance d’avoir des parents qui ont tout fait pour me rendre la vie un peu plus douce, malgré leur propre déchirure. Sans eux, ma résurrection aurait été moins glorieuse.

 

Mes parents qui allaient devenir grands-parents pour la 5e fois cette journée-là ont perdu 2 enfants, pour un instant… 
Hommage à tous les Grands-Parents Orphelins xxx

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